Le théâtre du mouvement

Plus de 40 ans de co-direction artistique

Le Théâtre du Mouvement

Claire Heggen et Yves Marc ont été co-directeurs du Théâtre du Mouvement, de 1975 à 2017.

Depuis ils ont créé leur propre compagnie : Claire Heggen – Théâtre du Mouvement et Compagnie Yves Marc – Théâtre du Mouvement.

Ils sont auteurs, acteurs, metteurs en scène et pédagogues.

Leur conception d’un mime contemporain et plus largement, d’un art de l’acteur, est basée sur la théâtralité du mouvement et la gestualité.

Cette conception intègre les grands principes artistiques du Mime Corporel et s’élabore aux frontières d’une danse dramatique, d’un théâtre textuel où le corps est engagé et d’une acrobatie dramatique.

Ils placent le corps de l’acteur au cœur même de la création artistique.

Claire Heggen et Yves Marc ont créé plus d’une quarantaine de spectacles diffusés dans 60 pays, développant une esthétique en perpétuel renouvellement sur la théâtralité du mouvement aux confins des arts du mime, du théâtre gestuel, de la danse et du théâtre d’objets. Ils donnent de nombreuses conférences en France et à l’étranger.

Depuis le début de leur carrière, Claire Heggen et Yves Marc sont invités à enseigner en France et à l’étranger aux artistes de la scène, dans une vingtaine de pays. Ils ont codirigé également le programme annuel de formation du Théâtre du Mouvement, Le Corps en scène et accompagné des artistes et des compagnies dans leurs créations.

Ils sont directeurs artistiques de la Ferme de Trielle (15) depuis sa création en 1974.

Militants d’une conception large et ouverte des arts du mime et du geste, ils ont initié de nombreux événements dans cette direction, entre autres le GLAM (Groupe de Liaisons des Arts du Mime et du Geste en 2008), qui a donné naissance au Collectif des Arts du Mime et du Geste.

Ce mouvement, regroupement professionnel de 70 compagnies, entre autres activités, organise depuis 2015 la Biennale des Arts du Mime et du Geste.

Cette grande aventure s’est terminée par une exposition à la Bibliothèque nationale de France en juin 2017, et par l’écriture d’un livre : « Théâtre du Mouvement » aux éditions Deuxième Époque.

Crédit photo : Maurice Melliet – Photo extraite du spectacle L’homme debout – Mimos 1998

La philosophie du Théâtre du Mouvement

Une esthétique des frontières, une poétique des franges

 

par Claire Heggen et Yves Marc

Si nous essayons d’identifier la problématique créatrice du Théâtre du Mouvement, on se doit de parler des frontières de l’art du mouvement, de l’art gestuel, de l’art théâtral qui sont autant de fascinations, de plaques vibrantes et inspiratrices. À l’articulation de ces frontières prennent naissance la sensibilité, la réflexion, I’entraînement corporel quotidien de l’acteur et du metteur en scène qui vont nourrir la création.

Au centre du travail, la démarche d’Etienne Decroux vers un acteur corporel et dramatique reste le haut lieu de nos références sensibles. Il a ouvert la voie d’un genre théâtral en dehors du mot où la formalisation poétique a autant, voire plus d’importance que la narration.

Il ne s’agit pas que le mouvement raconte la poésie, mais qu’il soit lui-même poétique.

Étienne Decroux

Cette parole est fondatrice de nos recherches.

En fait, qu’il soit appelé danse ou théâtre, qu’il soit abstrait ou expressif, qu’il soit référencié ou non, nous sentons que le geste qui nous fascine est celui qui par sa poétique propre touche chez le spectateur des zones de sensibilité que lui seul peut appréhender.

C’est là que nous cheminons sur le fil du funambule entre le fïguratif et le formel. En cela, ne voulant pas reproduire les schémas traditionnels de la danse ou du théâtre parlé, les dramaturgies que nous mettons en jeu font appel à un certain type de récit qui est ; d’une part, fortement formalisé gestuellement (et la formalisation et sa poétique ouvrent des champs imaginaires non contenus dans le récit littéral) et d’autre part suffisamment référencié pour que le spectateur n’y perde pas pied.

Et dans cette perspective, nous ne nous sentons pas solitaires dans un monde où l’image prend une importance capitale et où les recherches de tous les arts visuels se faufilent entre l’expressionnisme et l’abstrait, le réalisme et l’imaginaire.

Notre préoccupation se rapproche également, semble-t-il, des gens de théâtre contemporain, qui cherchent dans le mouvement et la voix un langage théâtral différent, des danseurs, qui après la vague abstraite sentent bien que le corps est porteur de signes et d’émotions.

Ce champ créatif de langage et de dramaturgie mixtes dialogue également avec la marionnette et le théâtre d’objets d’une part, et le nouveau cirque d’autre part.

Il trouve son identité dans l’intitulé des Arts du Mime et du Geste.